Traditionnelle première balade de l'année, la Ronde Hivernale organisée initialement par notre amie Nadine est devenue en forme d'hommage, la Balade Hivernale de Nadine lors de sa disparition prématurée.
Merci à Geneviève d'avoir bien voulu établir ce compte rendu et merci aux photographes pour les clichés agrémentant cet article.
Cette première sortie de l'année 2014 nous
donne l'occasion d'introniser les nouveaux membres du bureau de NAR élus à
l'Assemblée Générale du 26 janvier :
Jean- Claude CHAUVET, Président.
Gilles BÉNARD, Secrétaire,
Odile
BERGER Trésorière.
Bienvenue également aux nouveaux adhérents
pour cette journée désormais appelée "l'hivernale de Nadine". Pour la
circonstance. Francis nous a rejoint
avec la 4CV chargée de souvenirs.
28 équipages ont rejoint le point de
ralliement fixé à 5 km de Saint-Gilles
sur le site d'Espeyran. Niché dans un parc de 13 ha, le château
fut la résidence d'été des Abbés de St Gilles.
Les retrouvailles sont gaies ...
sous un ciel étonnamment bleu et une température printanière. Les conversations
vont bon train ... tout en s'avançant vers les écuries qui abritent plusieurs
exemplaires de voitures hippomobiles classées monuments historiques.
Propriété de l'État depuis 1963 ce site est avant tout le
plus important lieu de conservation de microfilms et d'images numériques des
archives de France.
Le carnet de route nous dirige ensuite vers
Arles pour visiter le "Musée d'Arles Antique" construit sur la
presqu'île où se trouvait l'ancien cirque romain et qui abrite les collections
archéologiques particulièrement importantes de la ville.
Ces dernières années, les collections se sont
enrichies des découvertes des équipes du D.R.A.S.S.M (Département des
Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous Marines) dirigées par Monsieur
Luc Long.
Outre la multitude de poteries, de mosaïques
et autres objets remontés du lit du Rhône, deux merveilles sont à voir : la
tête de César et la barge de transport gallo-romaine.
En 2007, les fouilles du Rhône ont fait
émerger une tête représentant Jules
César, ce fragment de statue constitue sans doute aujourd'hui
le fleuron du musée appelé "César d'Arles".
Ensuite l'exceptionnel chaland gallo-romain,
miraculeusement conservé dans les eaux du Rhône est présenté dans ce nouvel
écrin, comme s'il était à quai, complet de la coque au mât.
Ce bateau classé Trésor National par le
Ministère de la Culture est une
invitation à un fabuleux voyage dans le temps
Lorsqu'en 2004 trois planches sont apparues
dans les eaux glauques du Rhône à 8 m profondeur, bien peu de gens pouvaient
imaginer qu'un bateau de 31m, entier dans toutes ses parties, se dissimulait
sous la vase.
Sortir de l'eau 50 tonnes d'un bois fragile
comme du verre sans en briser la moindre partie était un pari
insensé qui a été tenté et ... réussi.
Les bois gorgés d'eau de ce chaland antique
ont bénéficié de soins techniques délicats à Grenoble durant un an et demi pour
en assurer leur bonne conservation.
Pour ce faire .... Un traitement à base de
résine puis une lyophilisation du bois a été réalisée.
(Eh oui....la même méthode de conservation que
pour le café : congélation puis
sublimation)
A bord de cette barge de transport, on a
retrouvé des cordages, le gouvernail, la cuisine des marins avec son four, la
vaisselle gravée à leurs noms, des outils comme une houe, une serpette et tout son chargement : 27 tonnes de pierres
taillées destinées à la construction.
Avec cette opération en tout point
exceptionnelle cette barge romaine rejoint le club très fermé des bateaux
trouvés complets, sauvés et installés dans un musée. Seuls le Vasa de
Stockholm, la Mary Rose de Portsmouth, la jonque NANHAI de Canton, les bateaux
vikings d'Oslo et .... Le chaland d'Arles répondent à cette définition.
Cette visite du musée d'Arles fut une belle
navigation sur les flots de la mémoire, de la culture et de l'histoire.
Il est déjà l'heure du déjeuner prévu à
quelques encablures, à Méjanes vers l'Étang du Vaccarès, au Domaine de la
Manade Paul Ricard : haut lieu des traditions camarguaises.
Après le repas nous roulons entre les deux
bras du Rhône.
Nous avançons dans un paysage typique, très
plat, fait de marais, d'étangs : nous sommes au cœur de la Camargue aux espaces
argileux à forte salinité, inondés à la moindre pluie.
C'est un territoire secret, bordé de très
nombreuses clôtures et déjà d'énormes moustiques sont présents.
Nous longeons le grand bras du
Rhône, direction Salin-de-Giraud.
Rendez-vous au SAMBUC où nous
attend Robert Bon : conservateur du Musée du riz.
En pleine campagne, ce musée est
empreint d'histoire puisqu'il a été crée dans les entrepôts désaffectés de son
ancienne société : l'usine BONGRAN.
Robert Bon est un personnage
emblématique dans le monde du riz. Il a dirigé pendant de nombreuses années
cette usine et il est à l'origine du lancement des galettes de riz.
L'histoire remonte à 1870. Pour
protéger la Camargue des inondations du Rhône, Napoléon III construit des
digues. Mais, dans la région, où
soufflent mistral et tramontane et où il y a deux fois plus
d'évaporation que de précipitations, la sécheresse s'accroît ; et avec elle ...
la salinité, qui remonte des profondeurs de la terre.
En 1900, la Camargue n'est plus
qu'un marais salant progressivement déserté.
Seuls, quelques courageux
imitaient ce qui se faisait au bord du Mékong en cultivant le riz, une céréale
résistante au sel. Pour cela, l'eau douce du Rhône est pompée, permettant
également de rééquilibrer l'écosystème. Pour récolter 1 kg de riz : il faut
5000 l d'eau.
Cependant, jusqu'en 1940 le riz
est cultivé en petite quantité pour la consommation du bétail.
Puis ce sont les Indochinois qui
nous ont mis le pied à l'étrier.
Durant l'occupation, 20 000
hommes de la colonie avaient été enrôlés, la plupart de force, pour servir de
main-d'œuvre dont 4100 dans les usines de poudrerie à Sorgues vers Avignon.
Beaucoup ne purent rentrer chez
eux et certains travaillèrent dans les marais, apportant leur savoir-faire de
la riziculture, qu'ils relancent.
Après guerre, grâce au plan
Marshall et avec la participation des Italiens,
arrivés dans les années 30, la production se développe.
Aujourd'hui, avec 20 000 ha
cultivés, la Camargue produit 120 000 t de riz par an soit 30 % de la
consommation française.
En 2000, les producteurs ont
obtenu la création d'un indice géographique protégé, une première alors pour
une céréale : ouf, l'appellation "Riz de Camargue" est assurée.
Nous sommes conquis par
l'enthousiasme de Robert BON à nous présenter de manière très pédagogique
l'histoire du riz : cette plante qui aime avoir les pieds dans l'eau et la tête
au soleil.
Long, rond, rouge, blanc,
complet, semi-complet, tendre ..... En quelques minutes, il nous a initié au secret des différents
riz.
Grain de riz = grain de vie : la
consommation de riz est de 12 kg /an /habitant dans les pays développés contre
70 kg dans les pays en voie de développement.
Robert BON, avec un grand sourire
sous ses bacchantes, nous livre quelques notions sur les valeurs
nutritionnelles de cette céréale.
Et même, un air moqueur s'affiche
en évoquant notre grande consommation de riz blanc qui ne contient plus que de
l'amidon .... Ce grain est malheureusement débarrassé de tous les meilleurs
éléments nutritifs par le raffinement excessif : oligo-éléments, vitamine B,
protéines.
Le riz paddy est le grain de riz
complet sans traitement qui sert uniquement à la semence.
Robert BON est un ambassadeur
bouillonnant du riz camarguais, il est intarissable à son sujet.
Fils de riziculteur dont le père
fut le premier à faire du riz bio en Europe, il va jusqu'à nous faire une
démonstration de cuisson du riz suivie d'une dégustation avec son appareil
magique le Rice Cooker . Pour une cuisson idéale, le Rice Cooker est
l'appareil ménager le plus vendu au monde...
Peu encombrant, c'est un cuiseur
à riz électrique qui s'arrête automatiquement dès que la cuisson idéale est
atteinte et il maintient ensuite le riz à 50 °. Le bol intérieur appelé
"cuit-riz" est amovible.
Une heure et demie s'est écoulée
à écouter notre rizier passionné et passionnant, que nous avons applaudi
chaleureusement avant de faire des achats de différents riz et de reprendre la
route pour le retour.