samedi 24 juin 2006

Week end en Htes Cévennes

Notre sortie des 10 et 11 juin a, une fois encore, inspirée nos amis Michèle et Jean-Pierre qui ont bien voulu nous faire partager ce reportage "en direct". Qu'ils en soient remerciés.

COMPTE-RENDU CONFIDENTIEL
(Classé secret Défense)

Existe-t-il des olibrius assez masos pour se lever à 6 heures du mat’ le samedi et le dimanche dans le seul but d’aller se balader en tacot ? La réponse est : oui. Il s’agit des membres les plus fanatiques du club Nîmes Auto Rétro, NAR pour les initiés. Un anthropologue a été chargé de les espionner et d’enquêter discrètement sur les mœurs étranges de ces oiseaux rares. Il les a suivis dans une Bugatti de 1904, histoire de passer inaperçu.

Prenons une loupe, dit notre espion dans son rapport ultra secret, et observons de plus près ces olibrius : le 10 juin 2006 avant l’aube, ils ont pris leurs sacs de voyage, chaussé leurs guêtres et mocassins, coiffé leur casque de cuir, astiqué leur trapadelle,

Et… « à nous la route, Albert ! » Ils ont foncé tout droit vers les Cévennes comme un seul homme, le nez dans le volant, et attaqué les pentes avec leurs vieux tas de ferraille fumants et grinçants, il n’y a que la foi qui sauve. Dire « comme un seul homme », c’est façon de parler, car il y avait deux femmes parmi les pilotes, dont une au volant d’une impossible trapadelle bleue, capricieuse comme une vieille chèvre.


Les moteurs rugissants

Premier arrêt au château de Portes, temps superbe et moral au beau fixe.






Triumph TR3 au château de Portes

Deuxième arrêt à la Garde Guérin, déjeuner à la Bastide Puylaurent, nouvel arrêt à Notre-Dame des Neiges : rencontre avec un trappiste trapu, (ni trappeur ni trapéziste, bande de nuls !) les trappistes étant des gens tombés dans une trappe, comme chacun sait. Ce qui ne les empêche pas de tenir une boutique pleine de merveilles, genre caverne d’Ali Baba.

Notre Dame des Neiges


En chemin, notre espion a pu noter que les membres du NAR ont un comportement à forte tendance libertaire, chacun n’en faisant qu’à sa tête, avec un beau mépris des consignes. Ils sont pourtant vigoureusement encadrés par un Président nommé Paul Clément, et par un Premier ministre, "l’Amiral" Philippe Gey, tous deux anciens de l’aéronavale, style : « On rigole pas avec les horaires, bande de petits chenapans ! » Même le grand argentier du club, Jean-Philippe Lasserre était là, dans son carrosse bourré de pièces d’or.

Châteauneuf de Randon
Étape du soir à l’Habitarelle, près de Châteauneuf de Randon, dans un palace 5 étoiles, même que le Ritz, à côté, c’est de la zoubia. Remarquons aussi que Bertrand Du Guesclin, feu le Grand Connétable, a un cénotaphe juste à côté de l’hôtel :





Le Cénotaphe du grand connétable
il est mort à cet endroit, pendant le siège de Châteauneuf, après avoir bu l’eau glacée d’une fontaine locale. C’est pourquoi nos olibrius ont préféré boire du bon vin à table et le repas fut très gai, pas de mort subite à signaler.




Le repas fut très gai…

Le lendemain matin, dimanche 11 juin, rassemblement général des olibrius sur le parking de l’hôtel. De sa fenêtre, l’espion les observe : quelle animation ! On se croirait au marché de Brive-la-Gaillarde avec des bagnoles moyenâgeuses à la place des bottes d’oignons. Les capots sont ouverts, les tas de ferraille ne fument plus (il a un peu gelé la nuit…) on prie pour qu’ils tiennent le coup jusqu’à l’arrivée.

Les capots sont ouverts
Coup de chance, Saint Cylindre, patron des moteurs à explosion (dixit Paul Clément), veille avec bonté sur les mécaniques un peu chahutées par les dénivelés. Qu’il en soit remercié au passage : un missel en japonais et une inscription gratuite à NAR sont à sa disposition au siège de l’association.
Un dernier coup de chiffon lustrant, et en route vers Mende et Florac ! Place, place ! Paysages bucoliques, prairies en fleurs, ruisseaux paresseux, vaches ruminantes,










beaux villages aux clochers à peigne…

L’espion note à ce propos que les olibrius sont aussi poètes : teuf-teuf, poët-poët !
Mines réjouies des villageois qui font des grands saluts sur le passage des guimbardes d’époque, ça change des bétaillères :

- Moi, ça me rappelle la voiture de papa !
- Et moi, celle de Jules César quand il a envahi la Lozère en 55 avant J.C. !

[NDR : Mais César, il trichait, car il avait des esclaves qui pédalaient sous le capot, entre les bielles et les pistons. Nos olibrius, eux, n’exploitent que des chevaux mécaniques : ce sont des philanthropes.]
Ah ! le doux bruit des moteurs des trapadelles sur les routes de montagne !


Le doux bruit des Trapadelles …

L’olibrius type a une oreille mécanique très développée, et quand il entend « CLING !!!! » derrière lui sur la chaussée, il ne s’inquiète pas, c’est la voiture qui perd ses pièces. Pas comme le grand argentier qui, lui, s’inquiète quand il perd les siennes.
La Corniche des Cévennes

Trêve de digressions stupides, et revenons à nos oiseaux rares, bientôt devenus « cornichons des Cévennes ». Tant bien que mal, nos héros foncent vers le Pompidou, où les attend l’Auberge du Cheval Blanc pour la pause déjeuner. Les tacots passent avec succès l’épreuve de la forte montée vers la Corniche, puis celle de la descente, et les freins tiennent le choc.
Pour le repas de midi, les tables sont installées à l’ombre dans les jardins de l’auberge : très bonne table encore, et le buffet des desserts a été largement plébiscité par les gourmands. Puis une surprise : la remise de fleurs et de cadeaux aux quatre olibrius qui ont préparé cette sortie. Explications du Président, émotion, photos, la télé n’était pas là, dommage !

Avant de quitter le Pompidou, le groupe descend jusqu’à la chapelle romane de Saint Flour, pour tester si les jambes fonctionnent toujours (100 m de dénivelé, à pied cette fois). Photo de groupe au Pompidou, et en voiture !

Dernier arrêt avant St Jean du Gard : c’est l’heure des adieux, des bises, des derniers échanges et enfin dislocation des troupes.

Ajoutons pour être complets que notre anthropologue-espion, dans sa Bugatti centenaire, s’est débrouillé pour se faire flasher à 180 km/h par la maréchaussée sur une petite départementale, en rentrant sur Nîmes. Emmené au poste, il a réussi à nous transmettre le présent rapport juste avant son transfert à Guantanamo.

Bravo à Nîmes Auto Rétro pour la très bonne ambiance qui règne dans ses rangs ! Grand merci à Philippe et à Paul pour leur efficacité, leur gentillesse et leur bonne humeur.

La route du Sel

Petit compte-rendu de la balade en Camargue dite « route du sel »du 14 mai 2006, à l’usage exclusif des veinards qui n’y ont pas participé…
Si vous saviez à quel point vous avez eu bon nez de ne pas venir, mes pauvres !!!
C’était AFFREUX du début à la fin et nous avons abominablement souffert.
« Ne nous dis pas !… » Si, si, je vous raconte !

Départ de Garons vers 9h15 et visite du moulin à huile des Costières entre Garons et Saint-Gilles, superbe propriété plantée d’oliviers, mais oui, on a même appris que ces originaux font de l’huile avec des vraies olives, c’est un monde !

Très belle salle d’exposition-vente, on est tous sortis de là chargés comme des mulets après avoir dévalisé la boutique. Le bagne, quoi. Ça fait rien, les trapadelles ont encaissé le poids supplémentaire avec beaucoup d’abnégation, ce qui explique qu’elles sont reparties.
Et en avant pour Méjanes, au cœur de la Camargue. Installés dans le petit train touristique du domaine Paul Ricard, on a pu voir des paysages moches, très moches : rien que des étangs, des iris d’eau en fleur, des tamaris, des flamants roses, des aigrettes… bref, les horreurs de la nature. On était plusieurs à regretter amèrement le béton de Nîmes et la douce odeur des pots d’échappement, mais c’était trop tard pour faire demi-tour. Déjeuner au domaine Paul Ricard, où nous n’avons même pas bu un pastis, eh non, mauvaises langues !
Puis départ pour les Salins de Giraud avec visite commentée en petit train. On a tout appris sur le sel, c’était affreux, surtout pour ceux qui préfèrent le sucre.
Arrêt final au château d’Espeyran, très très moche lui aussi, genre Versailles pour roi des Bouches du Rhône. Sur la photo de groupe, ne vous y trompez pas, on nous a forcés à sourire : c’était ça ou la rafale de mitrailleuse !
Si l’on rajoute à cela qu’il a fait très beau, que tout était organisé au poil et que la bonne humeur a régné toute la journée, vous comprendrez à quel point vous avez bien fait de vous abstenir !
Un grand coup de chapeau à Philippe Gey qui travaille comme un chef pour nous concocter des circuits horrifiques (le remerciement, lui aussi, est obligatoire : c’est ça ou la mitrailleuse…)
MERCI et à bientôt pour d’autres journées aussi pénibles ! Pas masos, s’abstenir !

Michèle Gandolphe et Jean-Pierre Viala